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10 novembre 2016 4 10 /11 /novembre /2016 07:58

        Les actuels Savoyards sont les descendants des Allobroges, premiers occupants de ces montagnes

                                      
Dès la renaissance, les montagnards apprenaient des pas de danse à leur marmotte, ce qui leur permettait de gagner quelques sous en amusant les badauds.

 

                                                       

 

 Sébastien Mercier, dans son "Tableau de Paris", peu avant 1789, décrit ainsi les Savoyards:

                             "Ces Allobroges de tout sexe et de tout âge ne se bornent pas à être commissionnaires ou ramoneurs.Les uns portent une vielle entre leurs bras et l'accompagnent d'une voix nasale. D'autres ont une boite à marmottes pour tout trésor".

La marmotte était mise à toutes les sauces, au propre comme au figuré!

           La coiffure des Savoyardes (foulard noué sur la tête) étonnait les parisiens qui l'appelaient  "coiffure à la marmotte "

            La caisse en bois des colporteurs était appelée "marmotte"

        Les jeunes Savoyardes, que la misère entrainait parfois à la prostitution étaient surnommées "marmottes" par les parisiens

Ainsi cet animal contribuait à faire vivre les habitants de ces villages durant l'hiver, ceux qui s'expatriaient temporairement, comme ceux qui restaient sur place.

Source de nourriture appréciée, la capture des marmottes à l'automne était une activité traditionnelle. L'animal rentre dans son trou pour hiverner, généralement pendant la première décade d'octobre.Le délit de braconnage étant ignoré, les hommes profitaient de leur endormissement pour creuser à la pioche et à la pelle une galerie pour rejoindre leur chambre, travail harassant.Il fallait alors les tirer avec un outil rudimentaire et atroce,"l'échéïoné", corne de chamois emmanchée    sur un bâton.

                                    

 

 

 

 

La marmotte était alors vidée, dépiautée, dégraissée, salée et pendue à l'étage le plus ventilé de la maison le "poli". La peau, bourrée d'herbes aromatiques était soigneusement conservée (de même que celles des nombreux renards abattus au fil des saisons) et attendait le printemps où un grossiste en fourrures de NICE montait les acheter.

                                                 C'était un revenu non négligeable  !

La graisse était vendue aux pharmaciens, pour le traitement des rhumatismes. La chair était transformée en rillettes, parfumées d'herbes et d'une saveur délicate.Cette spécialité du village de Mollières avait fait surnommer les habitants "manja-murès" (mange-marmottes !) Il s'agit là de traditions de la Tinée. Dans d'autres vallées, les habitudes pouvaient être différentes. A Bayasse (vallée de l'Ubaye), les marmottes étaient capturées vivantes, conservées dans un coffre rempli de foin et prélevées au fur-et-à-mesure des besoins.

Toujours chassée aujourd'hui, certains préfèrent lors de l'ouverture, partir "à la marmotte" plutôt qu'au traditionnel chamois.

La tradition des montreurs de marmotte s'est maintenue jusqu'au début du XXe siècle, témoin ce récit de Giovanna Giavelli, née en 1886 à   Ferrière (village très proche de la Haute-Tinée):

 

                                Giovanna, son frêre et ...  la marmotte !

 

               "A l'automne, mon père allait creuser sous terre, il en extirpait les marmottes (trois ou quatre) et les mettait dans une petite caisse. J'étais la maîtresse des marmottes, je les éduquais à l'aide d'une baguette. Je les faisais danser et siffler. Je les baptisais aussi, chaque marmotte avait un nom. Pour manger je leur donnais des pommes, des choux et du pain.C'est à coups "d'bastunets" (baguette) que les marmottes dansaient, si j'appuyais fortement, elles se mettaient à siffler car elles n'aimaient pas être frappées. Je faisais,vite pour dresser les marmottes, à l'automne elles étaient déjà "n'dutrina" (dressées) Alors j'allais en France "a la sado" demander la charité. Mon père avait quarante ans, il portait sur son dos la petite charrette et la caissette de marmottes. En trois ou quatre jours, à pied en passant par le col de Pouriac, nous descendions à Saint-Martin-du-Var, puis enfin à Nice. Nous n'amenions pas une mais plusieurs marmottes pour le cas où l'une d'entre elles serait venue à mourir.

Une fois arrivés à Nice ou à Cannes, nous allions de ça et de là demander l'aumône. Moi et l'un de mes plus jeunes frêres nous travaillions avec la marmotte . Elle dansait pendant que je chantais une chanson en français ..

Les marmottes rousses étaient méchantes, les grises au contraire, étaient gentilles. Une fois une marmotte rousse m'a mordu la main."

 

 

 

 

                                        La marmotte aujourd'hui :

Je précise que mes observations ne portent que sur la Haute-Tinée. Elles ne présagent en rien de la situation d'autres territoires.

Les populations sont en très nette régression. Des lieux où elles pullulaient se sont vidés en quelques décennies. Les hypothèses (parfois farfelues , comme l'abondance de chocolat offert aux pauvres bêtes ! ! ) pour expliquer ce dépeuplement sont nombreuses.Je tiens à innocenter les chasseurs , qui n'en tirent que très peu: la raréfaction touche aussi bien la zone centrale du parc du Mercantour (chasse interdite) que la zone périphérique (chasse autorisée). Citons, pour expliquer la diminution des effectifs:

 

       La voiture, compte-tenu des animaux écrasés retrouvés au bord des routes (particulièrement celle du col de la Bonette, en zone centrale!)

 

       Les nombreux dérangements des randonneurs qui, par les fuites à répétition, les empêchent de reconstituer leurs stocks de graisse, nécessaires pour passer l'hiver.

 

      Le dérèglement climatique: la neige, moins importante que par le passé,parfois complètement absente, ne recouvre plus leur terrier (c'était une protection contre le froid!) et les expose aux fortes gelées

 

        Certains prétendent qu'elles sont sujettes à des infections contagieuses (on aurait retrouvé des vers dans leurs intestins) Hypothèse à vérifier ?

 

          Leur raréfaction s'expliquerait par les suites de Tchernobyl. Les petits herbivores seraient sensibles à la contamination. Mais alors pourquoi les grands herbivores ne sont-ils pas touchés  ?

 

        Le loup peut en prélever quelques unes,

mais la principale menace vient des chiens qui se sont multipliés pour prévenir les attaques de loups sur les troupeaux d'ovins. Dans les montagnes pastorales, les "patous" (grands chiens blancs originaires des Pyrénées) ont fait disparaître le petit rongeur.

Si vous souhaitez en savoir plus, du même auteur 

Saint-Dalmas-Le-Selvage, éditions Serre, 1999

                                   Promenade chez les gens d'en-haut éditions Edilivre, 2015                    

                                          Une émigration alpine méconnue: Saint-Dalmas-Le-Sauvage, éditions Edilivre, 2014

                      

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                   

 

 

 

 

 

 

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23 décembre 2014 2 23 /12 /décembre /2014 13:54

~~ Une anecdote vécue

L'histoire se passe au Pra, hameau le plus important de Saint-Dalmas-Le-Selvage, dont la fin fut dramatique. Créé en 1617, il compta jusqu'à 160 habitants. Il y avait au début du XXe siècle un prêtre, une école, une gendarmerie et, compte-tenu de la proximité de la frontière, un poste de douane aux interventions nombreuses, la contrebande avec l'Italie toute proche étant une activité traditionnelle des hommes. Malheureusement il était frôlé par un terrible torrent dévastateur, le Salso Moreno (consonance ibérique, trace de la guerre de succession d'Espagne qui a sévi en Haute-Tinée !) qui le ravagea à plusieurs reprises. Les inondations devinrent catastrophiques, en particulier en 1860 et un siècle plus tard, le 22 juin 1961, qui mit un terme définitif à son existence.

Quelques anecdotes savoureuses sur la contrebande se trouvent dans mon ouvrage "Saint-Dalmas-Le-Selvage"     (éditions Serre, 1998)

 

Témoignage d’Emile BRUN, né en 1921 au Pra (hameau de Saint-Dalmas-Le-Selvage)

Ce natif d'un village du bout du monde, aujourd'hui abandonné, raconte:

« L’histoire qui nous impressionnait le plus, c’était l’histoire de mon grand’père et du loup.Lors de son retour au Pra, après la fête à Saint-Dalmas, mon grand’père avec sa vielle, qui avait jusqu’à une heure avancée de la nuit fait danser les gens du village, s’aperçut en cours de route qu’il était suivi par un loup. Heureusement mon grand’père avait, en quittant Saint-Dalmas, rempli ses poches de cussonets, ce qui lui permit, en les lançant en direction du loup, de tenir celui-ci à distance. Hélas ! la provision fut vite épuisée. En arrivant à la sortie de Vens, direction le Pra,il n’y avait plus de cussonets et le loup menaçant avançait à grands pas ! A cet endroit, au bord de la route, il y avait un gros rocher qui faisait caverne. Pour éviter le loup, mon grand’père décida de s’y réfugier. Mais en rentrant à l’intérieur, une corde de la vielle accrocha le rocher, faisant un grand bruit musical. Le loup prit peur et s’éloigna. C’est alors que le grand’père, s’apercevant que le loup avait peur de la musique, continua sa route pour rentrer au Pra en jouant de la vielle, sans être inquiété par le loup. Depuis ce jour, le rocher a été appelé Grattaloupé (gratte-loup)

 

Le "cussonet" est une sorte de beignet, très apprécié en Haute-Tinée

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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 15:11

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Si certains partaient vers "Les Frances"  avec une lanterne magique, beaucoup avaient la réputation de musiciens vielleux (joueurs de vielle à roue) et tous se dirigeaient le 1e novembre vers de grandes villes, PARIS en général, où ils chantaient en s'accompagnant de la vielle, souvent avec une marmotte à qui  ils avaient appris à danser.

 

Ne restaient au village que les vieillards, les enfants et les femmes. Leur occupation principale consistait à tricoter gilets ou chaussettes, au chaud dans l'étable, qu'ils allaient vendre à la fonte des neiges en colonnes muletières à BARCELONNETTE ou autres villages de l'Ubaye. La laine de ce village avait la réputation d'être la plus belle du comté de NICE.

Saint-Dalmas avait une particularité, peu appréciée de ses voisins: Bêtes et humains cohabitaient dans la même maison, ce qui était un avantage en hiver (les habitants se réfugiant au chaud dans l'étable!). Dès qu'il pleuvait, le passage des cheptels dans les rues les transformaient   en véritables cloaques à cause des bouses de vaches ou crottes de mouton . Ce village n'avait pas une réputation de propreté, et il fallut attendre 1900 et les années suivantes pour que les rues soient enfin pavées !

 

Le 1e novembre, après une messe solennelle sur la place du village, tout ce monde partait vers la France par un col qui  communique avec la haute vallée du Var (village d'ESTENC). Son patronyme actuel est "col de GIALORGUES". 

L'étymologie de ce lieu-dit a un rapport étroit avec la vielle . Il n'y pas de date précise, mais très anciennement, une caravane formée d'hommes avec vielles et marmottes dans leurs caisses s'est laissée surprendre par une avalanche.Ce ne fut qu'au printemps suivant, à la fonte des neiges, que furent retrouvés les corps, les débris d'instruments et les marmottes gelées dans leurs caisses. Le col où s'est produite la catastrophe a porté le nom, en patois francisant de "gialo-orgues" . (gèle-orgues). La vielle à roue était parfois appelée à tort "orgue", ou encore "viola"

en gavot. Le toponyme actuel, après transcription par des officiers du service géographique des armées lors du rattachement à la France de 1860, est "Gialorgues".

 


 

Les ingrédients traditionnels des colporteurs Savoyards:                                                       

lanterne magique,orgue portatif et marmotte dans sa caisse  et la dernière vielle à roue de Saint-Dalmas-Le-Selvage

 

 

                                                                                                                                                                 vielle barbera                 lanterne magique                      

 

  Laissons la parole à J.E. FODERE, chirurgien des armées napoléoniennes et créateur de la médecine légale, qui vécut à Saint-Dalmas en 1804:

 

                            "Montrer la marmotte, décrotter, ramoner et autres petites industries que se sont appropriées ceux qui descendent des montagnes de Barcelonnette, de la Savoie, de l'Auvergne, etc...  sont inconnues par ici; mais les habitants de la haute vallée de la Tinée ont un autre talent bien plus agréable. Ils apprennent de bonne heure à jouer de la vielle et d'autres instruments, avec lesquels ils vont dans les villes de France éxécuter cette musique ambulante qui interrompt souvent délicieusement le repos de la nuit. Leurs oreilles son accoutumées dès l'enfance à l'harmonie et l'on voit les enfants tressaillir en apercevant une vielle entre les bras de leur père. J'étais à Saint-Dalmas la veille du départ de la caravane : le maire, vieillard respectable chez qui j'étais logé , avait fait signe à ses enfants et à toute cette jeunesse qui allait partir; au milieu du dîner, j'entendis une musique ravissante (qu'on me passe le terme), éxécutée par un grand nombre d'instruments, qui me délassa de toutes mes fatigues, qui me fit oublier la neige tombant à gros flocons, et l'horrible situation de ce village. Le lendemain, il n'y avait plus que les vieillards, les femmes et les enfants. C'est ordinairement le 1e novembre que le départ a lieu, et le retour le 1e mai.

Cet usage est extrêmement ancien et des vieillards de quatre-vingt ans m'en ont parlé comme d'une chose déjà pratiquée par leurs ancêtres " .

 

C'est cette tradition qui laissa beaucoup de traces à Paris au XVIIIe siècle, où les "petits Savoyards" étaient très appréciés pour leur courage. Ils étaient aussi surnommés "pauvres de dieu"

 


                              78677132drouais-jpg

 

                        Les fils du duc de Choiseul déguisés en Savoyards 

 

 

 

                                          vielle St-D.

                                           La vielle n'est pas encore morte  !          (2010) 

vielle à roue 007

    La dernière vielle organisée du village (avant 1939) 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  Cet instrument ayant un son grinçant particulier,les appréciations le concernant sont très contradictoires. On l'aime pour toujours ou on le déteste à jamais.

La description de George Sand (Le meunier d'Angibault) sur les deux seuls instruments à bourdons,  jouant très souvent ensemble, procure la nostalgie d'une époque révolue, mais combien romantique !

 

             Le son de la cornemuse uni à celui de la vielle, écorche un peu les oreilles de près, mais de loin cette voix rustique chante parfois de si gracieux motifs  rendus plus originaux par une harmonie barbare, a un charme qui pénètre les âmes simples, et qui fait battre le coeur de quiconque en a été bercé dans les beaux jours de son enfance.

            Cette forte vibration de la musette, quoique rauque et nasillarde, ce grincement aigu et ce staccato nerveux de la vielle, sont faits l'un pour l'autre et se corrigent mutuellement. L'éloignement leur donne plus de charme et vous entraîne dans le rêve d'une vie pastorale.

 

Cette expatriation traditionnelle est encore illustrée par le "passe-port"  (en deux mots), obtenu le 07 mars 1809 et délivré par la commune d'AURILLAC (Cantal) à :

 

         Jean ANOGE, joueur de vielle, natif de Saint-Dalmas-Le-Sauvage et y demeurant

Ce document devait être obtenu dans chaque ville traversée. pendant leurs pérégrinations. On était rigoureux à l'époque !

Il déclare vouloir se rendre à Barcelonnette   (Basses-Alpes), ville proche de Saint-Dalmas-Le-Selvage. Les autochtones faisaient couramment l'aller-retour dans la journée. Il est âgé de 43 ans, mesure 1mètre 70, a les cheveux chatain, le front large, le nez gros, la bouche moyenne,la barbe chatain, le menton rond, le visage ovale et le teint coloré. Signes particuliers:  Une cicatrice au menton du côté droit

La photo n'existait pas, mais la description est très précise 

 

numerisation0003.jpg 

 

 

 

 

 

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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 08:46

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Pérégrinations dalmassières ...  ... sous cette dénomination cabalistique se cache l'émigration traditionnelle et temporaire, à la mauvaise saison, des habitants d'un village du Comté de NICE, situé dans la Haute-vallée de la Tinée,  ....                     

                                             Saint-Dalmas-Le-Selvage,

                                                                                         dont les natifs sont des "dalmassiers"

Il n'y a plus d'ambiguïté aujourd'hui sur le nom de ce village., mais il n'en a pas toujours été de même!

Les documents de notre anecdote, datés du XVIIIe et XIXe siècle, font état de:

                                             Saint-Dalmas-Le-Sauvage

Une explication s'impose: en gavot (provençal alpin)",San-Dalmas-Lou Saouvagé" prêtait à confusion

et même les documents officiels faisaient état du "Sauvage". En l'an VIII du calendrier républicain, l'erreur

fut décelée, mais les mauvaises habitudes ont perduré. Pour clore la polémique, le conseil municipal proposa en 1894: Saint-Dalmas-Sur-Tinée Cette initiative ne fut pas retenue par l'autorité de tutelle, et il fallut attendre 1920 pour que la haute administration mette un terme (définitif ?) à l'ambiguïté. C'était en fait un retour à l'appellation initiale du XIIe siècle:

                                               Sanctus Dalmatius Selvaticus

La forêt (Selvage) figurera désormais dans les armoiries du village. Saint-Dalmas est très connu localement. Ancien légionnaire romain converti au christianisme, il aurait évangélisé le sud des Alpes, où quatre villages portent son nom.

                                      Le montreur de lanterne magique

La lanterne magique est attestée depuis fort longtemps (en Chine), mais elle eut son heure de gloire depuis le XVIe siècle  en France et dans le duché de Savoie (devenu plus tard royaume de Sardaigne). Au XVIIIe siècle, elle est illustrée surtout par les Savoyards.Rappelons que NICE et son comté étaient aussi "savoyards"que Chambéry ou Annecy ! La lanterne magique est l'ancêtre du projecteur de diapos. A l'aide plaques colorisées, le "montreur" projette des vues fixes. La source de lumière est fournie par des bougies ou une lampe à huile. L'image passe à travers un objectif et est projetée sur un écran. Le spectacle devait donner le frisson aux spectateurs à l'aide de crimes, de squelettes ou de vampires... Il pouvait également s'agir de scènes  de batailles, de scènes mythologiques, d'anecdotes sur le souverain en place: l'actualité de l'époque ?

Nous allons suivre, très partiellement, le parcours d'un de ces "colporteurs":

Petrus Carolus DALMAS (le patronyme est une coincidence amusante!) est né citoyen du royaume de Sardaigne, en 1766 à Bousieyas, hameau de Saint-Dalmas-Le-Selvage.

Il se marie en 1786 avec Francisca Brun

Un premier fils, Sebastianus Elias nait le 26 juillet 1787

Un second fils Melchior Franciscus nait le 2 décembre 1789 (Melchior est le prénom du grand'père)

 

On peut supposer que, comme beaucoup d'indigènes de ce village, poussé par des conditions de vie difficiles et des hivers extrêmement rigoureux et enneigés, où les hommes sont contraints à l'inactivité, il ait décidé de "s'expatrier" à la mauvaise saison pour ramener à la belle saison les quelques économies qu'il a pu réaliser pendant ses pérégrinations.

Comme c'est la tradition au village, il participe à la messe solennelle du 1e novembre sur la place du village avant de partir avec ses collègues joueurs de vielle à roue ou joueurs d'orgue portatif en une longue caravane pour un exil qui va durer six longs mois.

Cette coutume d'expatriation est attestée depuis fort longtemps puisque Pierre GIOFFREDO (1629-1692)

historien du du duc de Savoie, précise dans son "Histoire des Alpes Maritimes":

                         "Ceux des vigueries de Saint-Etienne  et Barcelonnette sont très industrieux et amis de l'argent. Pour en accumuler quand ils ont terminé les travaux domestiques de la belle saison, ils quittent l'hiver leur patrie et s'en vont en chercher dans des régions lointaines, en partie en commerçant, en partie grâce à divers travaux manuels."

Il ne s'agit pas de Saint-Etienne dans la Loire, mais de Saint-Etienne-De-Tinée, comté de NICE,

chef-lieu d'un canton comprenant Saint-Dalmas-Le-Selvage à 7 km.

 

Petrus change son prénom en "Pierre" et se dirige vers le centre de la France. C'est là que nous le retrouvons, deux ans de suite, à CLERMONT", actuellement CLERMONT-FERRAND (Puy-De-Dôme)

 

Sous le numéro 817, Pierre DALMAS, montreur de lanterne magique, originaire de Saint-Dalmas-Le-Sauvage, et y habitant, a obtenu un passe-port (en deux mots!) délivré à CLERMONT le 13 ventose An VIII. Il désire se rendre à AURILLAC ,Cantal. Notons que cette date du calendrier républicain correspond au 4 mars 1800 du calendrier grégorien.

 

L'année suivante, sous le numéro 1091, avec un passe-port délivré à CLERMONT le 4 ventose An IX,(23 février 1801), il déclare vouloir se rendre à MOULINS, Allier. Pour justifier d'une bonne moralité, car on était rigoureux à l'époque!, il bénéficie des attestations fournies par les citoyens CHANFOR et BESSE, cabaretier et perruquier à CLERMONT.

 

Nous trouvons dans ces documents des détails étonnants:

                 Il est âgé de 34 ans lors de son premier passage

                 Il mesure 1m.,625  (admirez la précision!)

A notre époque, il serait considéré comme étant de petite taille. A l'époque, compte-tenu des mensurations des autres titulaires de passe-ports, il se situe dans la moyenne. On peut supposer que, comme tous les "expatriés", il revient dans son village, à la fonte des neiges, pour participer aux travaux de la belle saison.

Il meurt en 1834 dans son village natal, paroisse de Saint-Pierre e Bousieyas.

                 Espèrons que ...   ...   Vous ne prendrez plus les vessies pour des lanternes  !

 

 

 

 

 

 

Colporteur.jpg

 

La vie de Petrus DALMAS, montreur de lanterne magique itinérant, ne devait pas être toujours rose ! !

 

 

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  • : L'expatriation vers la France, pendant l'hiver, due aux conditions climatiques et à la misère, d'une partie de la population d'un petit village des Alpes du sud.
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